[HRP][POWER-UP] Viens on va faire des chooooses... (PV : Kaito Shion)

J'ai suivi Usagi à travers la ville jusqu'à maintenant sans protester, parce qu'après tout c'est moi qui l'ai supplié*, mais bizarrement, je reste planté sur place au moment de franchir la porte. Il entre, allume la lumière, enlève ses chaussures et se tourne vers moi...

« Hey Kaito ! Restes pas dehors ! »

Un petit sourire crispé naît sur mes lèvres à l'entente de cette phrase et je me force à avancer. En fait, je crois que je suis un peu nerveux. C'est la première fois que je vais hm... dormir chez un ami et peut-être même plus... rester quelques jours, oui peut-être...

Soupirant à l'entente de ces pensées chargées de stupidité et de fleurs roses, j'avance et pénètre dans l'appartement, regardant avec curiosité partout autour de moi. En tentant de rester discret.

Beuh, j'ai rien pour me donner une petite contenance, pas de sac à poser... Je me contente donc d'enlever mes chaussures couvertes de sable et de les poser doucement à côté de siennes. Surtout ne pas faire de geste brusque, ne pas semer les petits grains partout sur le sol...

Passant une main sur ma joue sans but réel (c'est plus un geste dû à ma gêne, je crois, haha), je m'adresse à un Usagi qui ouvre son frigo pour trouer le silence à coup de paroles inutiles, aidé par le son irritant de la télé :

- W-Wah... Encore merci...

...Je devrais lui dire tout de suite que c'est pas juste pour cette nuit que j'ai besoin d'un toit ? Bah, autant profiter de cette nuit dans un lit... ou au sol sur un matelas, enfin ça dépend de la place ici, j'imagine.

Je crois que j'ai faim.

Enfin, non j'en suis sûr, puisque mon ventre vient de se réveiller dans un grognement disgracieux, me faisant légèrement rougir, parce que c'est pas poli de réclamer ainsi de la bouffe à son gentil hôte ~

*on va dire ça comme ça... ? owo

« Oh mais de rien »

Bon... ouii... chasse mes remerciements de la mains si ça te fait plaisir. Le voilà qui s'approche et vient poser une main sur mon épaule... Il a l'air de s'amuser. Elle est quoi, cette main ? Compatissante ? Moqueuse ? Sincère ? ...Ou même... meublante ?

« Allons ! Sois pas aussi stressé, détends toi un peu ! »

Oui, ho... facile à dire, pour toi... t'es chez toi. Il tousse, il penche la tête de côté, s'adressant de nouveau à moi.

« Hmm… Qu’est-ce qui t’amène en ville déjà ? »

...En vérité c'est bien du meublage ce qu'il me fait là... Mais pourquoi ne pas répondre, hein ? Ça pourrait se transformer en véritable discussion et on finira par papoter en mangeant les pizzas en train de cuire... Joyeux programme.

Qu'est-ce que j'ai faim !

- Bah, je voulais voir la mer ! Et une qui ne soit pas du Nord, de préférence.

Voilà, répondu, et maintenant je dis quoi ? Beuh, pas besoin de réfléchir à ce que l'on va dire à un ami normalement. Ah, j'oubliais que je ne suis pas normal.

Rectification, nous ne sommes pas normaux, donc l'emploi du terme "normalement" est ici prohibé.

- Tout de même, c'est vraiment pas commun comme rencontre... ni comme journée ! me mis-je à rire en peu pour moi-même.

De là à croire en la grosse stupidité appelée « Rencontre du destin », il n'y avait qu'un pas, pas que je ne ferais pas, je suis bête mais pas à ce point.

J'ai bien envie d'écouter de la musique... Coup d'oeil dans tous les coins de la pièce... y avait-il une quelconque réserve de CDs ici ?

- T'as quoi comme musique ?

Question spontanée.

Ah, wah, je lui ai peut-être rappelé le choc sans le vouloir. Enfin, je ne pense pas qu'il ai pu oublier, hein.. Il n'a pas l'air non plus décidé à me proposer d'écouter de la musique, c'est pourtant ce que je veux. Dire que son PC et son portable ont l'air tout plein de musiques.

« Hmm… Tu comptes… Vivre ici… ? Après tout tu m’as dit que tu pouvais pas repartir et que t’étais un peu dans la… Enfin que t’avais pas d’argent du tout. »

Il a dit ça en me fixant... ce qui n'est pas forcément une bonne chose. Assez anxieux, je tire sur une mèche de cheveux innocente qui gêne ma vision, et entreprends de répondre sans laisser passer le message suivant de manière trop brusque : " en fait je comptais squatter une bonne semaine ".

- Bah, je vais rester cette nuit et... aviser demain, même s'il me faudra sans doute plus d'une journée pour pouvoir payer mon billet de retour.

Avançant jusqu'à me retrouver à côté de lui, je continue avec un sourire :

- Ça serait peut-être préférable que je reste quelques jour - si ça te dérange pas.

« Ow vraiment… ? Bah… Ca me dérange pas, je peux bien t’héberger... ça me ferait plaisir en fait… Enfin quelque chose comme ça… »

Il a l'air fatigué... Et euh... Même, gentil et compréhensif ou un truc du genre. Souriant avec reconnaissance, j'entrepris de le remercier chaleureusement. Après tout, il le méritait grandement. Mon sauveur, hehe.

- Aah, merci, moi aussi ça me fait plaisir ! dis-je, soulagé.

Mais j'ai à peine fini ma phrase qu'Usagi se met à s'agiter dans tous les sens - ow, l'ordinateur est ouvert, je vais peut-être avoir l'occasion d'écouter quelques chansons - vérifiant son portable, le minuteur - bon sang, j'ai faim - et sortant un verre.

« Euhmm… T-Tu veux quelque chose à boire… ? Les pizzas s-seront bientôt prêtes. »

J'acquiesce lentement, passant ma langue sur mes lèvres rendues sèches par l'air marin, et réalise que j'ai aussi très soif.

- Ouais, je veux bien, merci.

Une fois ma phrase prononcée je m'accoude à la table, posant mon menton dans ma paume et le regarde avec curiosité. C'est marrant, il a l'air tout gêné. C'est même quasiment mignon. Ha ! Usagi, mignon. Un sourire s'étire sur mes lèvres à cette pensée. Les deux ne sont pas une seule allés dans la même phrase depuis que je l'ai rencontré, sauf là.

Bizarrement, mes pensées partent à la dérive et je me dis que j'aurais bien aimé avoir un petit frère. Mais impossible pour moi, rapport au " travail " de maman... Ah, mes yeux me piquent, je dois être crevé... Me frottant un peu les yeux de mon autre main, je le suis néanmoins du regard, pour finir par demander :

- Dis... Tu y crois vraiment, aux dieux de la mort ?

Aah, c'est pas marrant, ma question a l'air toute puérile ! Rougissant, je fais mine de regarder ailleurs - euh le canapé, tiens.

C'est marrant toutes ces... hésitations gestuelles; il se retourne assez vivement comme s'il ne voulait pas me voir et rougit un peu. Haussant un sourcil en entendant sa réponse à ma question, je décide de laisser cette gêne apparente de côté.

Cette ador étrange gêne qui réveille en moi des instincts dominat de... grand-frère, peut-être...

Souriant malgré moi devant la stupidité de mes propres pensées qui ont légèrement tendance à s'envoler du mauvais côté, je me fais la réflexion que cette espèce de timidité (qui ne se remarque pas tant que ça soyons clairs) est normale après tout.

Moi aussi, si j'avais quelqu'un à la maison, quelqu'un de mon âge, un ami, bref, quelqu'un que j'apprécie, je serais sans doute nerveux... enfin encore plus que maintenant...

Restant accoudé à la table le temps de lui répondre, j'entreprends de boire mon jus d'orange à petites gorgées non sans lui lancer un discret "merci" :

- Moi non plus je ne crois pas à l'existence d'un "Dieu". Sans doute qu'ils n'ont de dieux que le nom, puisqu'ils font la guerre.

A cet instant je réalise que dans mon esprit, Dieu = gentil. Gentil = s'occuper de la Terre. Donc Dieu = existe pas. Toussotant pour masquer le début de honte causé par cette logique de gamin qu'Usagi pourrait avoir comprise, je me lève et m'approche de lui, me penchant pour être à sa hauteur, les mains enfouies dans mes poches.

Regardant par-dessus son épaule, je le vois s'affairer avec les pizzas, tout en me disant que... quand même... combien de temps ça fait que je n'ai pas mangé une vraie pizza ? J'en ai presque oublié le goût. J'ai hâte de redécouvrir ça.

- Wah, ça a l'air bon, dis-je en tournant très légèrement la tête pour apercevoir du coin de l'oeil ses mèches argentées.

Avant de réaliser que je suis un peu plus près que ce que la décence autorise, et de m'écarter rapidement pour aller finir d'une traite mon verre de jus d'orange.

Je n'avais remarqué, mais c'est possible que... que le jus d'orange aille bien avec de la pizza...

Pendant que j'avale l'ultime gorgée de jus de fruit, Usagi coupe la pizza, l'ai concentré. Amusé par l'application qu'il met à sa tâche, je le regarde d'un air légèrement moqueur. Mais pas trop. Histoire de ne pas l'indisposer. C'est sans doute pour ça que je ne réagis pas tout de suite quand il me dit de me servir.

Regardant la personne toute timide en face de moi, je me demande où est passée celle qui me gueulait Non mais… On n’est pas marié ! il y a quelques heures. Et qui maintenant me coupe aimablement une part de pizza en me disant de me servir. Y'a un souci. Mais je vais pas m'en plaindre. On est déjà plus mariés que tout à l'heure.

...

Non ?

Je ne viens pas de penser ceci quand même ? Enfouissant ma tête dans mes mains, je me maudis pour ma débilité profonde. Si je continue à penser des choses bizarres, je ne pourrais pas vraiment le regarder en face. En plus j'ai même pas envie de penser ça.

Je crois.

Relevant la tête (parce que ce n'est pas poli de se cacher les yeux quand on vous dit de vous servir), je le vois en train de me faire un sourire et me dit que, vraiment, il est trop...

Euh ?

Trop quoi ?

Je ne m'en rappelle même plus, tiens. Attrapant une part en lui rendant son sourire, je prends une première bouchée.

Et manque de m'étouffer quand j'entends sa question. Après quelques toux, je me redresse vers lui, surpris. Cramoisi. Pourquoi a-t-il fallu qu'il demande ça ? J'ai 17 ans, je n'ai jamais eu de petite amie. Et alors ? Il ne faut pas que je m'en fasse pour ça... C'est ce que j'aimerais me dire mais...

- Euh... Non, jamais, je bafouille en regardant le sol avec un peu trop d'attention. De toute façon je préfère les me...

Mais qu'est-ce que j'ai failli dire ... ? " je préfère les mecs " ? C'est vrai que je n'ai jamais spécialement eu de préférence à ce niveau. Puisque je n'ai jamais eu l'occasion de comparer.

Mais voilà.

C'est atrocement gênant. Si j'avais fini ma phrase l'ambiance aurait été plombée pour le reste de mon séjour. Généralement les hétéros ont peur que les gays leurs sautent dessus, encore une des choses qui me mettent hors de moi.

Bon, non je ne suis pas gay. Mais j'ai quand même failli dire une grosse connerie.

S'il me demande " les quoi ? ", je le tue et je me flingue après.

Et attendant faut qu'il oublie.

- Et hmm... Et toi Usagi ?

Faut pas non plus qu'il me regarde. Je dois toujours être rouge. Bon, c'est un peu rapé puisqu'on est face à face. Et puis j'ai chaud.

« Les me-… ? Les quoi ? »

Ne pas le tuer. Ça serait bête pour nous deux. Je pose ma main à plat sur la table, feignent de m'intéresser au bout de mes ongles comme si c'était vraiment la chose la plus intéressante du monde, rougissant fortement.

« Sinon… euh… Moi non plus… J’en ai jamais eu, pas étonnant que je sois encore vierge. »

Ah.

Je viens de faire tomber ma part de pizza à moitié finie (sur la bonne face, heureusement) sur la table où elle s'est écrasée avec un charmant SPLAC, ma main restée dans la position qu'elle avait en tenant l'aliment. Mais lui aussi n'a pas à dire les choses si crûment... Heureusement qu'il regarde ailleurs, l'air perdu dans ses pensées. Le temps que je reprenne une tête normale et que j'invente un gros mensonge.

- Moi aussi, dis-je en posant ma joue dans ma main, la tête de côté, mes doigts jouant avec mes cheveux.

Bon bon bon. Maintenant que j'ai réussi à dire ça sans sans changer de couleur de peau...

- ...Euh, désolé... je ne me rappelle plus de ce que je voulais dire.

Air légèrement coupable et embêté, je prie pour que le mensonge passe sous prétexte que je suis fatigué. Reprenant ma pizza sur la table, je finis de la manger en prenant mille précautions - eh oui c'est difficile en gardant la tête à moitié penchée.

- Dis, juste pour savoir, je dormirais où ?

Owii changeons de sujet, je ne VEUX PAS parler plus longtemps de nos virginités respectives. Ahem.

Il s'étire comme un bienheureux en me sortant une phrase que j'écoute d'une oreille distraite :

« Bah… C’est facile, comme j’ai pas d’autre couverture, tu dormiras avec moi dans le lit. Te laisser te coucher seul sur le canapé se serait pas vraiment sympa… J’espère que ça te dérange pas si je dors sans rien… ? »

- Mmmh okay...

Je termine finalement ma part avec bonheur. C'est bon, là, j'ai l'estomac rempli, tout va bien, tout me plait.

Tout me pl... eh ?

De quoi ? Qu'est-ce qu'il a dit ? Dormir avec l...

Brusquement, je me lève dans un mouvement totalement incontrôlé et irréfléchi, dans un fracas pas possible puisque la chaise part à la renverse. Les pensées tourbillonnantes, je ne suis plus qu'un boule d'angoisse. Les yeux écarquillés, tentant de formuler une phrase correcte je sens que je fixe Usagi avec un genre de terreur.

- Ça ça ça ça ça ça ça ... !

Rha ! Ne pourrais-je pas dire quelque chose de sensé, même dans un état de panique comme celui ci ?

Euh.

Pourquoi je panique, déjà ? Hmm. Il n'y a pas de raison. Je crois. Quelqu'un de... normal se serait contenté d'exprimer de qu'il pensait sans tomber dans ce léger acte de folie.

Me rasseyant avec un soupir après avoir redressé ma chaise, je me maudis une fois de plus. Je ne suis vraiment pas dégourdi. Evitant de regarder Usagi.

- Comme tu l'auras compris... si, ça me dérange...

Oh et puis zut. Je m'en fous. Je le regarde. Dans les yeux. Peu importe s'il est en train de rire ou quoi que ce soit d'autre.

Bon, ça serait tout de même très gênant.

Ah, tiens des ronds sur la table. J'avais aussi envie d'en faire y'a un moment.

Première fois ? De quoi il parle ? Première fois de quoi ? De dormir avec quelqu'un ? Hu. Je devrais arrêter avec les questions sans réponses.

Meh, il a vraiment l'air gêné. Peut-être que ma réaction était trop expressive... Oui, sans doute. En plus je suis totalement calmé, maintenant. C'est malin.

Bouh, il est tout rouuuuuge... ! Esquissant un sourire moqueur (autant pour moi que pour lui), je me penche finalement vers lui par dessus la table, le fixant les yeux grand ouverts.

- En fait, t'es timide... non ?

Je ne suis pas bien placé pour dire ça... Mais je dois avouer que, mon petit moment de panique passé, ça m'amuse beaucoup de le voir se troubler comme ça.

Mon sourire s'accentuant encore, je m'éloigne de lui et m'appuie contre le dossier de la chaise, lâchant d'un air désinvolte :

- Bah, pas grave Usagi, je dormirais avec quelque chose, moi.

La nudité pendant le sommeil fait en effet partie de mes habitudes mais je sens que je vais faire une exception.

Hmm... pourquoi tu me remercies ... ? J'ai rien dit de spécial... Mais bon... si tu veux me remercier, tant mieux, ça me fait plaisir.

- Vi... fini, dis-je en récupérant quelques miettes de pattes restées sur ma main du bout de la langue.

Oh, oui une douuche...

Me levant lentement, je me frotte une nouvelle fois les yeux, énervé de constater que la journée m'a fatigué.

Alors que j'allais exprimer mon contentement (manoeuvre qui commençait par un grand sourire), mon portable sonne.

Plongeant ma main dans ma poche, je regarde vite fait qui m'appelle avant de répondre sans réfléchir. C'est maman.

Alors ? Qu'est-ce que tu as à me dire ? Tu veux que je perde mon temps et que je vienne te chercher, c'est ça ? Mais tu ne crois pas que j'ai mieux à faire !

Choqué, je regarde sans le voir Usagi, pendant que je sens mes yeux me picoter. J'ai l'habitude que maman me parle comme ça. Mais je sais que mon nouvel ami entend tout, à cause du micro un peu trop fort de mon portable.

Tu réponds ? Tu sais que je regrette des fois.

Elle regrette ? Elle regrette quoi ? Me mordant les lèvres, j'attends avec un espoir non dissimulé qu'elle me dise qu'elle regrette de me traiter ainsi.

De t'avoir eu. Tu me sers vraiment à rien.

Aah... mince... C'est nul. C'est cliché. Y'a des tas de gens dans le monde qui ont déjà dû entendre ça, mon cas n'est pas une exception, alors il faut que je retienne l'eau dans mes yeux.

Une larme arrive à déborder et trace tranquillement un chemin sur ma joue. Ça me chatouille. Je suis triste. Je n'ose pas regarder Usagi.

M'éclaircissant la gorge pour ne pas laisser entendre mon chagrin, je déclare en fixant le plafond comme si la solution à ce problème s'y trouvait suspendue :

- T'as pas besoin de venir me chercher. Je reste chez un ami quelques jours.

...Tu as un ami ?

Hou, la mauvaise ironie. N'empêche. Je suis sûr qu'elle pense ce qu'elle dit. Où est passée la maman qui m'a offert mon casque ?

- Eh ouais. Des années d'hosto n'ont pas réussi à me rendre aussi associable que toi.

Je laisse retomber ma main, regardant Usagi et essuyant ma larme traîtresse.

- Hmm, désolé. Oui, alors cette douche ?

Je suis fier d'entendre que ma voix ne tremble p- ...

Oh.

J'ai oublié de raccrocher.

Me... montrer comment utiliser une douche ? Penchant la tête, sur le côté, je regarde avec étonnement Usagi s'approcher de moi.

Il a l'air ailleurs.

Sans me méfier, je le regarde lever ses bras. Et les passer autour de moi.

Il murmure mon prénom. C'est bizarre.

- Usagi... ?, dis-je d'une voix inaudible que je doute qu'il entende.

Je ne peux plus bouger alors je le sens se serrer contre moi, une main passant dans mon dos, doucement...

Eh, là ! J'aimerais bien savoir pourquoi je viens de frissonner longuement, et aussi pourquoi la présence de son menton sur mon épaule me stresse tellement que je n'ose plus faire un geste.

Hmm mais aussi... Si je bouge il risque de s'en aller...

Alors que je viens de pencher très légèrement la tête, un peu plus à l'aise en sentant sa chaleur, il se décolle de lui-même.

Je crois que se frotter la joue est un signe de malaise ou de gêne chez lui. Euh... chez moi, ce serait plus... tirer, emmêler mes cheveux comme je le fais maintenant...

... et, bien sûr, comme tout le monde, regarder ailleurs...

Les joues encore assez rouges de ce qui vient d'arriver, je déclare d'une voix hésitante :

- Bah... ça du bon, parfois, de se laisser emporter...

Je parie qu'il a fait ça - câlin ! - à cause de la goutte d'eau de tout à l'heure. Mais ça a plutôt bien marché. L'épisode du coup de fil déprimant est presque... oublié..

Oh mon dieu.

Oh non.

Depuis tout à l'heure, il y a ma mère qui écoute silencieusement notre échange.

Oh putain. Quelle horreur.

Dans un geste paniqué, je stoppe l'appel sans prendre la peine de dire au revoir et regarde à nouveau Usagi en rangeant l'objet dans ma poche (oui... je l'avais gardé à la main...).

- Euh..., je commence, sentant encore la présence chaude de sa main presque au bas de mon dos, On parlait de... ? ...Ah, oui, la douche.

Je regarde autour de moi, essayant de déterminer de quel côté est la salle de bain.

Ainsi donc la salle de bain est rattachée à sa chambre. Bah, c'est aussi pratique... au moins il n'a pas besoin, comme chez moi, de traverser la maison en peignoir pour rentrer dans sa chambre.

Lui indiquant que je n'allais certainement pas prendre trop de temps d'un bref "Okay" accompagné d'un sourire, je rentre dans la pièce et après avoir pris soin de refermer - plus par habitude qu'autre chose, je suis certain qu'Usagi n'entrerait jamais dans cette pièce tant que j'y suis -, j'entreprends de me déshabiller.

Sauf qu'au moment de poser mes chaussettes et mon caleçon dans le panier à linge sale, une sorte d'impression diffuse me saisit. Mêler son linge à celui de son hôte c'est comme si... Comme si j'e m'installais...

Calme toi, Kaito. Tu ne t'installes pas. Tu ne t'incrustes pas. Ça va durer une semaine, tout au plus, et après tu repartiras chez toi. Peut-être même que tu pourras appeler Usagi et que vous vous reverrez.

C'est bizarre, je n'ai même pas passé une nuit ici que je n'ai déjà plus très envie de repartir. Je lâche finalement les trois pièces de tissus et me glisse sous la douche, laissant l'eau chaude me revigorer.

Une fois lavé et rincé - et comme promis, ça ne dure pas très longtemps -, je pose une mains contre la paroi de la touche et baisse la tête sous le jet, dans la pose typique du mec-qui-a-grave-des-problèmes. Evidemment, je change de position au bout de quelques secondes parce que l'eau me dégouline dans les yeux et que je n'aime pas ça.

De toute manière, je n'ai jamais aimé beaucoup l'eau.

Je ne sais pas comment font les gens dans les mangas pour réfléchir comme ça.

Coupant le jet, je reste quelques secondes debout dans la vapeur, l'esprit un peu flottant et embrumé.

Et puis je sors. Et, évidemment, c'est au moment où je sors de la douche que je m'en rends compte. Je n'ai pas de vêtements.

Euh... Oh. Il va falloir que je demande à Usagi de m'en prêter... Même en étant seul, je rougis à cette pensée. Bah, je fais sa taille à deux centimètres près, ça ne devrait pas poser de problèmes... Hum...

Attrapant une serviette blanche, je me sèche sommairement et la noue solidement autour de ma taille - le fait qu'elle tombe serait très dérangeant -, j'entrouvre doucement la porte.

Usagi doit être sur son lit, là où je l'ai laissé.

- Hum... euh... Usagiiiii ?

Ma voix est basse et moi, à moitié caché derrière la porte, de façon à ce qu'il n'y ait que ma tête, l'un de mes bras et un peu de mon torse qui soit exposé.

- Comment dire ? Je n'ai pas de vêtements de rechange. Ni de brosse à dents, d'ailleurs, dis-je pendant que j'y pense. Ma veste doit être quelque part dans Karakura à l'heure qu'il est...

La fin de ma phrase est marmonnée plus pour moi que pour lui. Je ne sais pas ce qu'il pense du fait que j'ai donné cette veste à Misaki, peut-être qu'il me croit charitable, et ce n'est pas vraiment le cas.

Peut-être qu'il me pense gentil. Ow oui, ça serait plus ça...

La chaleur de la salle de bain commence à s'en aller, et je frissonne lâchant le montant de la porte pour croiser les bras. Mes cheveux, que je n'ai pas essuyés, dégoulinent et les gouttes qui roulent sur ma nuque, mes clavicules, et parfois même jusque sur mes épaules ou dans mon dos, me font des chatouilles dont je me passerais bien.